J'insiste et je demande un combat d'idées basé sur un discours politique de l'excellence et du dialogue, un discours affranchi de l'extrémisme, de la violence, de l'intolérance, du mensonge, de l'injure et de la haine - Joseph Ngalula Mpandanjila
Fallait-il d'abord rejoindre et faire triompher des pratiques démocratiques au sein du MPR, Parti-Etat-Nation, ou fallait-il poursuivre ouvertement ou clandestinement et dans l'illégalité la lutte pour une démocratie multipartiste?
Apres huit années de lutte, de sacrifices, de privations, d'emprisonements cruels et de rélégations(éloignements avec ou sans famille proche dans sa localité d’origine) sans fin, ces positions se côtoyaient au sein du parti UDPS qui violait la constitution en vigeur du régime Mobutien.
Le président KIBASSA soutenait que les activités de l’UDPS devaient se poursuivre dans la clandestinité comme avant les accords de Gbadolite tandis que le 1er Vice–Président NGALULA exigeait le respect des accords de Gbadolite, en ce que le parti UDPS était devenu une tendance au sein du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) en attendant un changement imminent de la Constitution promise par le Président Mobutu déjà coincé par la pression extérieure. Fallait-il permettre aux fondateurs de l'UDPS de s'engager individuellement ou fallait-il que tous ensemble le fasse à Gbadolite au nom du parti UDPS?
Ces questions conduisirent rapidement et malheureusement à une grande division au sein de l'UDPS et éventuellement à son éclatement.
Une première tentative ou rencontre eu lieu le 21 mars 1987 à Gbadolite sur proposition du Président Mobutu. L’ouvrage : PROTAIS LUMBU 4. «Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ » relate les faits suivants:
"Le soir nous fûmes amenés à une villa qu’on disait appartenir à Nguz Karl-Ibond dans laquelle nous avions été installés pour attendre le Président Mobutu. Quand ce dernier arriva sans protocole, je ne le reconnaissais pas, sans doute à cause de la déficience de ma vue et ne me levai que quand mes collègues l’avaient déjà fait.
Le Président nous avait reçus hors de tout son monde. Ainsi donc, le Gouverneur Mpambia, le Conseiller Spécial NKema et le citoyen BANYAKU, assistant du Conseiller Spécial ne participèrent pas à la séance du travail...
Nous nous mîmes à parler de la pluie et du beau temps en attendant qu’il nous dise la raison de la rencontre pendant qu’il attendait aussi notre message. La stratégie du Doyen Ngalula et le Conseiller Spécial Nkema ne semblait pas tenir car personne de nos collègues du Kasai Oriental qui avaient été aux rencontres du lac Mukamba avec le Gouverneur Mpambia ne dit mot au sujet des conclusions auxquelles ils avaient abouti.
Pour plusieurs sujets abordés par le fondateur Tshisekedi, le Président s’énervait alors qu’il était à l’aise sur ce que disait le doyen Ngalula quoique non différent. S’inspirant du nouveau testament, je l’avais entendu même s’exclamer « qu’Etienne était le premier martyr », quand le fondateur Birindwa avait cité ce nom.
Finalement, le Président Mobutu, s’inspirant de l’exemple du Parti socialiste français dit accepter que l’UDPS s’organise en tant qu’une tendance au sein du MPR, qu’il pouvait même amener à changer et qu’en sa qualité de garant de la constitution, il était obligé de la défendre afin qu’elle ne soit pas violée. Comme la constitution proclamait que le MPR était un parti-Etat, nous ne pouvions donc pas nous trouver hors du MPR et être zaïrois, avait-il conclu.
Ayant enregistré son message, très déçus, nous lui avions promis de discuter d’abord entre nous-mêmes avant de lui donner notre point de vue et rentrâmes à la villa Moleka.
Après une séance de travail entre nous fondateurs : Ngalula, Kibassa, Tshisekedi, Kanana, Birindwa, Lusanga et moi-même Lumbu, au cours de laquelle la majorité rejeta la recommandation de diluer l’UDPS dans le MPR, intervint une autre séance à laquelle avait été associé lescitoyens Nkema, Mpambia et Banyaku. Cette fois-ci nous signifiâmes notre position négative et avions fait remarquer n’avoir pas été mandatés par notre base pour prendre une telle décision et que comme fondateurs nous étions une minorité.
Toute la nuit le Gouverneur Mpambia nous fit pression prétendant que notre position contrariait son mandat et la vie de ses enfants, ce dont le fondateur Tshisekedi lui répondit expressément que nous aussi, nous avions des enfants et que notre préoccupation avait trait aux problèmes du pays et non à la vie des enfants soient-ils les nôtres.
Le résultat de notre délibération avait abattu le doyen Ngalula qui se préoccupait de notre survie et s’étonnait que tout en me plaignant de ma vie matérielle et financière, j’avais soutenu par une intervention fracassante la continuation de cet état là. Les concertations se poursuivirent par groupe dans les chambres nous attribuées au Motel Nzekele...
Me taquinant sur l’effet de mon intervention auprès des proches du Président, le fondateur Lusanga insinua que j’étais la cause de la maladie du doyen Ngalula qui gardait son lit parce que sa tension marquait 23. Je me rendis au chevet de ce dernier et lui présentai mes excuses sur le radicalisme de mon intervention qui devait lui avoir fait mal. Le doyen me rassura qu’il ne regrettait pas et que je ne pouvais pas me tracasser sur cela car l’intervention était bonne.
Alors qu’il était prévu une autre rencontre avec le Président de la République, celle-ci se faisait attendre. Tout le programme des visites qui nous avait été soumis à notre arrivée n’était plus exécuté par contre, il nous avait été rapporté que le Président Mobutu n’allait plus nous recevoir et qu’il était tout furieux parce qu’informé par ses collaborateurs du résultat négatif de notre délibération.
On ne parlait plus de notre libération mais plutôt du retour d’où nous venions..."
Sanctioné par la signature du document en image, le contenu ci-dessous avait été par après, publié dans beaucoup de journaux dont le mensuel « LA VERITE » dans son édition du 8 janvier 1991 :
Mbujimay, le 17 Juin 1987
Objet : Réintégration au MPR
Au Citoyen Président-Fondateur du MPR, Président de la République
A KINSHASA/NGALIEMA
Citoyen Président- Fondateur
Nous soussignés KIBASSA MALIBA, NGALULA MPANDANJILA, TSHISEKEDI wa MULUMBA et MPINDU MBWABWA, avons examiné librement et consciencieusement l’ensemble des problèmes qui se posent à notre groupe.
De nos débats, il s’en suit que le groupe a adhéré aux principes suivants :
L’oubli du passé ;
L’affirmation et le respect de la diversité d’opinions de même que la nécessité de la mise en œuvre de l’exercice de cette liberté et de sa libre expression, mais au sein du Mouvement Populaire de la Révolution ;
Le respect du chef et de l’Unité nationale.
Ainsi donc, le groupe accepte de se mettre sous l’empire de l’article 33 de la Constitution pour œuvrer dignement et librement dans le sens du renforcement de la pratique démocratique et de l’Unité nationale.
Veuillez agréer, Citoyen Président-Fondateur du MPR, l’expression de nos sentiments patriotiques.
Les Signataires :
Signé/ NGALULA MPANDANJILA Signé /KIBASSA MALIBA
Signé/ MPINDU MBWABWA Signé /TSHISEKEDI wa MULUMBA
Juste après les accords de Gbadolite, le fondatateur Etienne Tshisekedi confia au fondateur Lumbu qu'il avait signé juste pour retrouver sa liberté et poursuivre ouvertement le combat de l'UDPS. Tandis que le président KIBASSA soutenait que les activités de l’UDPS se poursuivaient dans la clandestinité comme avant les accords, le 1er Vice–Président NGALULA lui exigeait le respect des accords.
Le retour à Kinshasa du fondateur TSHISEKEDI en janvier 1988, en provenance de l’Europe et Amérique du Nord où il s’était rendu officiellement pour raison de soins médicaux juste après les entretiens de Gbadolite de juin 1987 accentua encore la controverse, car pour lui, l’UDPS devait évoluer au grand jour. Il entreprit de ce fait, en vain, les démarches auprès de la radio et télévision nationales en ce moment là sous la tutelle du Commissaire d’Etat MANDUNGU BULA NYATI, afin que ses communiqués d’invitation à la population au meeting qu’il allait tenir au pont CABU le 17 janvier 1988 soient diffusés.
Le collège des fondateurs devant se réunir à sa permanence, à la résidence du président KIBASSA pour statuer au sujet des exigences du fondateur TSHISEKEDI, l’attendit en vain. Celui-ci disait avoir pris sa liberté comme pendant la période de relégation où chaque fondateur s’assumait lui-même. S’étant présenté au Pont KASA VUBU le 17 janvier 1988 il fut arrêté et maltraité en compagnie de plusieurs combattants dont le cofondateur KAMBA Omer.
Ce manque de consistence et d'unité entre les fondateurs sépara ceux liés à leurs signatures et ceux liés à leurs propres objectifs personnels. Plusieurs tentatives de les harmonizer n'eurent qu'un succès limité principalement parce que le combat d'idées basé sur un discours politique de l'excellence et du dialogue se voyait remplacer par un discours de l'extrémisme, de la violence, de l'intolérance, du mensonge, de l'injure et de la haine.
+ Plus d'informations, voir les ouvrages : PROTAIS LUMBU. «Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ »
En Septembre 1988, deux positions se côtoyaient au sein du parti : celle défendue par le président KIBASSA qui soutenait que les activités de l’UDPS se poursuivaient dans la clandestinité comme avant les accords de Gbadolite et celle prônée par le 1er Vice–Président NGALULA qui exigeait le respect des accords de Gbadolite, en ce que le parti UDPS était devenu une tendance au sein de Mouvement Populaire de la Révolution (MPR).
A la résidence du doyen NGALULA, devenu membre du comité central du MPR, une équipe de travail comprenant notamment les cofondateurs BIJANU et LUVUEZO s’activait à dresser les listes des cadres et combattants de l’UDPS pour leur reclassement et dédommagement. Ces listes reprenaient aussi les noms de personnes ayant besoin d’une aide financière quelconque auprès du conseiller spéciale du chef de l’Etat.
Le retour à Kinshasa du fondateur TSHISEKEDI en janvier 1988, en provenance de l’Europe et Amérique du Nord où il s’était rendu officiellement pour raison de soins médicaux juste après les entretiens de Gbadolite de juin 1987 accentua encore la controverse, car pour lui, l’UDPS devait évoluer au grand jour. Il entreprit de ce fait, en vain, les démarches auprès de la radio et télévision nationales en ce moment là sous la tutelle du Commissaire d’Etat MANDUNGU BULA NYATI, afin que ses communiqués d’invitation à la population au meeting qu’il allait tenir au pont CABU le 17 janvier 1988 soient diffusés.
Le collège des fondateurs devant se réunir à sa permanence, à la résidence du président KIBASSA pour statuer au sujet des exigences du fondateur TSHISEKEDI, l’attendit en vain. Celui-ci disait avoir pris sa liberté comme pendant la période de relégation où chaque fondateur s’assumait lui-même. S’étant présenté au Pont KASA VUBU le 17 janvier 1988 il fut arrêté et maltraité en compagnie de plusieurs combattants dont le cofondateur KAMBA Omer.
A peine que le fondateur Tshisekedi avait été placé en détention, le 1er Vice–Président Ngalula, membre du Comité Central, s’était trouvé à Bruxelles où il avait déclaré qu’il ne pouvait pas être en même temps chair et poisson, déclaration qui irrita la majorité des fondateurs.
Mes contacts avec le représentant de l’UDPS au Benelux, monsieur Corneille MULUMBA, les enfants des fondateurs TSHISEKEDI, KIBASSA, MAKANDA, LUSANGA et même avec Van den BOGAERT étaient réguliers. J’avais eu même à me rendre à Anvers saluer maman Marthe TSHISEKEDI qui se trouvait en séjour chez son beau–frère, le professeur LUSANGU SASA. Je n’avais pas visité, Marie Claire NGALULA et m’était limité à m’entretenir avec elle au téléphone à cause du malentendu au parti, occasionné par la déclaration du doyen.
Il y eut un temps très lointain où le jeûne du carême était scrupuleusement respecté : un seul repas de pain, de légumes, de fruits secs et d'eau par jour. Puis, quelques pontes de l'Eglise autorisèrent un certain relâchement qui vit l'introduction du poisson, des oeufs, des laitages et même du vin pendant cette période peu propice aux agapes.
Mais au Moyen-Âge, nombreux furent ceux qui s'opposèrent à ces tolérances, arguant que les oeufs et le beurre, par exemple, étant des graisses animales, ne pouvaient être consommés pendant le carême.
Ces théoriciens rigoristes oubliaient qu'à cette période de l'année (avant Pâques), les paysans n'avaient encore pas de légumes dans leur jardin et pas forcément beaucoup de pain et que, par conséquent, ils étaient condamnés à la disette s'ils devaient vraiment respecter le jeûne.
Dans les grandes joutes aussi bien écrites que verbales entre les opposants et favorables au relâchement, le poisson fut un immense sujet de discussion, les uns disant que le poisson était de la chair (c'est un animal, non ?), les autres disant qu'il n'en était rien (à une époque où les études animales n'étaient pas très poussées, ils croyaient que ces bestioles ne se nourrissaient que d'eau).
La situation s'aggrava encore quand il fut question des oiseaux aquatiques comme la poule d'eau. Ce sont des oiseaux donc constitués de chair. Oui, mais ils vont sur l'eau, donc il peuvent être assimilés à des poissons. Pourquoi pas, mais le poisson est-il de la chair ?
De ces nombreux échanges peu amènes, le peuple (qui, pendant ce temps, avait la dalle), ne retint que le côté pittoresque de ces polémiques (C'est quoi ce truc ? Chair ou poisson ?) et inventa notre expression pour désigner des choses dont la nature n'est pas bien définie, des gens dont l'opinion fluctue, ceux qui ont une conduite louche, indéfinissable et, plus généralement, toutes choses indéterminées.
De nos jours, on l'emploie aussi régulièrement pour désigner des hommes politiques dont l'opinion varie en fonction de la direction du vent ou du résultat des derniers sondages.
La déclaration du doyen était donc dépourvue de toute méchanceté. Toute lecture contraire ne tient pas en compte le contexte souligné ci-haut. Fidèle à ses paroles, ses principes et ses engagements, le doyen trouvait regrettable la légèreté avec laquelle ses coéquipiers traitaient leurs positions qui semblaient ne pas prendre en compte les conséquences politiques inutiles et, surtout, les conséquences défavorables pour le peuple de plus en plus dans une misère infrahumaine.
Ainsi que la conclusion des 52 pages écrite en 1980 disait, il fallait procéder rapidement au changement « avant qu’il ne soit trop tard ». Pour le doyen, la marche vers le multipartisme et la restauration des libertés fondamentales ne pouvaient plus être renversée par Mobutu et donc, rejoindre le MPR temporairement pour contribuer à la nouvelle Constitution ainsi qu’au progrès tant attendu était le fonds des accords de Gbadolite et devait être respecté. De plus, le doyen rappelait souvent qu’il avait choisi le mot Union dans le nom UDPS pour insister sur la nécessité d’effectuer un travail pour s’unir et rester unis.
+ Source: www.expressio.fr
En Septembre 1993,
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