Bienvenue!
Mission: Inspirer, Fortifier et Documenter le cri des Congolais pour un avenir meilleur!

Dir. K Ngalula
Bienvenue au Mausolée Mpandanjila! Profil du Doyen Les 13 Députés Q/R Contribuer

Au cours de ma longue lutte, j’ai eu à accepter autour de moi des barons du Parti-Etat, pour peu qu’ils fussent convertis à l’idéal démocratique. Je ne pouvais admettre, comme effective et sincère, la conversion de ceux-là, et douter, à priori, de celle des autres. - Joseph Ngalula Mpandanjila

Profil de Joseph Ngalula Mpandanjila

Né à Lusambo au Kasaï Oriental, le 12 décembre 1928. Il décéda, d’un arrêt du cœur, à son domicile, à Kinshasa, le lundi 5 février 2001, vers 9 heures du matin et fut inhumé dans sa concession agricole de Tshikama’ à Mbujimayi, le jeudi 15 février 2001 vers 15 heures 30.

En tant que défenseur infatigable des droits du peuple, de la démocratie pluraliste, des libertés fondamentales, du respect mutuel et de la loi, il donnait toujours priorité à un combat d'idées basé sur un discours politique de l'excellence et du dialogue, un discours affranchi de l'extrémisme, de la violence, de l'intolérance, du mensonge, de l'injure et de la haine.


Joseph Ngalula

Quelques repères

  • Il donna un sérieux coup de pied à la fourmilière coloniale, par le Manifeste de Conscience Africaine, en 1956.
  • Glissa, dans le discours de Monseigneur Joseph Albert Malula, la phrase : « Nous voulons une Eglise Congolaise dans un Etat Congolais ».
  • Il organisa le retour, en bon ordre, des Baluba, de Luluabourg à Bakwanga.
  • Obtint, début 1961, la création de la Province du Kasaï Oriental et créa la Ville de Mbujimayi.
  • Obtint le droit des Congolais à l’exploitation artisanale du diamant.
  • Donna des coups de bélier à la dictature du Président Mobutu et permit l’avènement du pluralisme au Congo. Il fut le rédacteur en chef, d’un sévère réquisitoire de 52 pages contre le régime dictatorial et en ébranla les fondements.

Cultivateur de sa profession, mon père n'avait aucun héritage à me léguer. Ma mère non plus. Mais, ils m'ont pourvu d'une grande richesse morale et spirituelle pour laquelle je leur voue une reconnaissance éternelle.

Pirogues sur le Sankuru

En effet, par son attitude exigeante et par une sévère initiation aux difficultés futures de la vie, par l’exemple de la pratique de la solidarité humaine en général et familiale en particulier, mon père a façonné en moi des qualités de générosité, d’endurance et de persévérance sans lesquelles j'allais tout simplement sombrer dans la médiocrité comme beaucoup de mes compagnons du village.

Alors que mes parents n'étaient pas chrétiens pour des raisons indépendantes de leur bonne volonté, ils m’ont poussé et quotidiennement soutenu par ar leurs exhortations À acquérir l'éducation chrétienne dont je suis fier. Cette dernière, je l'avoue, a davantage enrichi et complété les qualités humaines déjà plantées en moi.

S'il est une chose que j'ai toujours regrettée toute ma vie, c'est que mes parents m’aient quitté trop tôt. Qu'ils n'aient pas bénéficié d'un tant soit peu du fruit de leur inlassable dévouement, ni même pas assister aux résultats de leurs efforts et de leurs sacrifices. En premier lieu, c'est mon père qui meurt en 1946 quand je n'avais que 18 ans à peine. Me trouvant déjà à Léopoldville, je n'ai pas eu le bonheur d'assister à son agonie ni de savoir avec certitude l'endroit exact où il a été inhumé dans ce bled de Tshikama, à 20 km de Lusambo. Ensuite ma mère. Elle mourut à Léopoldville en 1951 quand j'atteignis à peine l'âge de 21 ans.

Après mes parents. Vienne, mes 2 grandes sœurs, Mbonbo et Kapinga. Elles se sont pratiquement substituées aux parents pour m'élever. Ma dette envers elles est incommensurable, inépongeable. De son gré personnel ou de concert avec mon père, ma sœur Mbombo rejeta toutes les offres de mariage pour ne se consacrer qu'à mon sort, alors fragile et d'un avenir incertain. Elle n'a pas laissé d'enfant, hélas.

Pirogues sur le Sankuru

J'ai débuté mes études à l'âge de 5 ans. J'étais trop jeune par rapport à tous les autres élèves. Habitant à Tshikama, c'est-à-dire à 20 km de l'école et devant chaque jour, traverser 2 fois le fleuve Sankuru, personne au village ne me donnait un an de résistance. Tout le monde prenait mon père pour un dingue. Surtout qu'il fallait se réveiller chaque jour à 3h du matin, Être présent à la messe à 7h00 après avoir franchi les 20 km et retrouver le toit paternel vers 21h ou 22 h. C'était manifestement trop demandé à un garçon de 5 ans. Mais mon père s'organisa pour me prendre chaque matin sur ses épaules et m'épargner au moins 10 km de route. Quand il ne le pouvait pas, c'est ma sœur Mbombo qui, joyeusement, se substituait à lui. Le soir, l'un ou l'autre venait m'accueillir à mi-chemin. Sur ce chemin de l'école, nous étions près d'une quarantaine d'enfants. La différence d'âge entre moi et le plus jeune du groupe était de 5 ans. Au bout de 3 ans, la désertion était totale. Je restais seul à traverser savanes et forêts et quand je pensais aux léopards qui fuyaient le groupe et à la férocité desquels j'étais désormais seul exposé, j'avoue qu'il m’arrivait de maudire mon père !

La brousse sauvage

A plusieurs fois, je fus moi aussi tenté de lâcher prise mais mon père s'opposait avec une rare sévérité. Pour lui, c'était encore mieux que je fasse ma route tout seul, peu importe les risques. Me voilà contraint de faire mes 20 km par jour puis 40 vers la 5e. Elle et la 6e année que dura cette pénible corvée. Durant ces années, je mangeais une fois par jour c'est-à-dire vers 21h00 ou 22 h. Il ne m'était pas permis de prendre des provisions pour ma restauration de la journée. Je devais faire comme tous les autres enfants, c'est-à-dire me contenter de noix de palmistes et des fruits mûrs ou pas mûrs que l'on trouvait de temps en temps sur la route ou que l'on allait voler dans le jardin des Frères de la Charité à Lusambo.

Nul ne pouvait changer la décision de mon père. La considérant à la longue comme insupportable, ma sœur décida de quitter le village et de s'installer à Lusambo. Dans le but de m'arracher à une vie qu'elle ne cessait de qualifier d'infernale. Ma belle vie de centre ne dura que 2 ans. En effet, notre cousine Mushiya venue à Lusambo pour le deuil de son père, fit tout pour amener ma sœur Mbombo à Léopoldville où elle aussi pouvait mener une meilleure existence. Dieu merci, son départ fut loin de provoquer un vide. Ma sœur Kapinga venait d'être épousé par Antoine Bakajika, fraîchement diplômé de Mikalayi comme instituteur. Il est affecté à l'école des Pères de Scheut de la mission Saint-Antoine, rive gauche du Sankuru À 5 km de Lusambo. Ils me prennent en charge. Le trajet aller-retour est réduit à 10 km mais la contrainte de traverser le fleuve Sankuru 2 fois par jour demeurait, et avec elle, toutes les tracasseries et tous les caprices des piroguiers.

La brousse sauvage

L'essentiel est que, sur ce trajet. Il n'y avait ni savane, ni forêt inhabitée. Je pouvais me réveiller non pas à 03h00 du matin comme à Tshikama, mais à 05h30 et être largement à temps. Mon beau-frère, feu Antoine Bakajika auquel je voue une gratitude infinie m'adopta, comme il l'avait fait pour son frère Marcel Biselele et me traiter avec autant de tendresse et de générosité. Je regrette beaucoup que la mort l'ait surpris pendant que j'étais en relégation à Kampene, chez les Warega du Maniema. Que son âme repose en paix.

Avant de quitter Saint-Antoine pour Elisabethville où il poursuivit sa carrière d'enseignant à l'école Saint-Boniface, Antoine Bakajika avait sans doute lu la peine de ma sœur. Il eut l'extrême amabilité de me confier aux soins de sa grande sœur, Lusamba Régine, dont le mari, Joseph Tshianga. etait domestique chez les Sœurs de la Charité à Lusambo.

En dépit de sa charge familiale écrasante et de l'extrême modicité de ses revenus, Joseph Tshianga m'accueillit avec un amour fraternel. Jamais il n'établit de discrimination entre moi et son jeune frère, Mbuyi Charles, mon condisciple de l'école, et son neveu, Gabriel Kandolo. Ils sont tous à Kinshasa. Le maigre salaire de Joseph Tshianga ne lui permettait pas de nous offrir un repas avec de la viande. Il s'arrangeait pour ramasser les restes des assiettes des Sœurs, souvent des os et nous les distribuer équitablement. C'est entre leurs mains, sous leur toit, et grâce à leur indicible générosité que je terminais mes études en 1942, et que j'ai pu rester encore chez les Frères 2 ans durant, comme instructeur et en même temps collaborateur à la Revue Périodique des Anciens Elèves des Frères de la Charité, avant de rejoindre ma sœur Mbombo à Léopoldville en 1944.

Dès mon arrivée à Léopoldville, je fus immédiatement adopté par les cousines de ma mère, les Maman Germaines, Maman Cécile Kayiba et Maman Marie Muena. Elles rivalisaient de bonté, de sollicitude maternelle et de tendresse avec ma sœur Mbombo. C'est grâce à cet encadrement que j'ai pu faire beaucoup de choses, c'est-à-dire, poursuivre ma formation par correspondance, me marier et, après la mort de mon père, faire venir ma mère, mes jeunes frères et sœurs, sans oublier les cousins et cousines qui vivaient au crochet de mon père. Il s'agit de Lobela André, fils de mon oncle Kabuika, de Kabamba Rémy, Tshiala et Metshi, enfants de ma tante Mbele. Mon père avait pris en charge dès leur tendre enfance. Il n'avait jamais établi de distinction entre eux et nous. C'est pour honorer sa mémoire et être agréable à ma mère que les cousins Kabamba Rémi et Lobela André, leurs enfants et leurs petits-enfants sont jusqu'à présent et dans toute la mesure du possible, héberges gratuitement par mes soins, que ce soit à Kinshasa ou a Mbujimayi.

Ce long préambule avait pour but de de vous faire revivre un peu ma petite histoire familiale, le pénible mais combien passionnant cet itinéraire de ma vie. Je voulais aussi témoigner que sans la sévérité bienfaisante de mon père, sans le don de soi de mes sœurs, et sans, par la suite, l'amour et la générosité bienveillante de tous les bienfaiteurs ci-haut cités, je ne serai pas devenu ce que je suis. Par ce préambule, je voulais également apporter le témoignage d'une tradition qui a prouvé son efficacité au sein de la famille, au sens large. C’est dire, en un mot, que vous devrez vous en inspirer toute votre vie.

De 1933 à 1943, il fait de brillantes études primaires et secondaires au Groupe Scolaire de Lusambo, dirigé par les Frères de la Charité de Gand. Ceux-ci ne tardent pas à découvrir dans le jeune garçon un talent à manipuler la plume. Ils lui confient alors la rédaction de la « Revue des Anciens Elèves de Frères ».

En 1944, Joseph NGALULA s’installe à Kinshasa. Il est employé dans plus d’une société commerciale où il assume de hautes responsabilités qu’il combine assidûment avec la poursuite des études par correspondance en Belgique et en France. Il est, avant tout, un autodidacte, donc un Self Made Man dont l’intelligence alerte et vivace suscite admiration.

En 1950, il se lance dans le journalisme comme correspondant régulier du journal catholique « LA CROIX DU CONGO », devenu plus tard «L’HORIZON».

Infatigable travailleur, il s’aménage le temps d’initier, en compagnie de certains de ses amis dont Martin NGUETE, Joseph ILEO, Gaston DIOMI, Antoine NGUENZA et tant d’autres, un bulletin d’information qui ne tardera pas à devenir un journal sous le titre de « CONSCIENCE AFRICAINE ».

Il y imprime une dynamique très critique à l’endroit de la colonisation. Les thèmes fondamentaux de cet organe de presse tournent autour des considérations politiques et particulièrement de la discrimination qui marquait les rapports sociaux entre Belges et Congolais.

Ngalula à un meeting

L’année 1956 marque un tournant décisif tant pour la vie du journal que pour le cours de l’histoire du Congo Belge. En effet, Joseph NGALULA et ses amis précités sont co-auteurs d’un document historique intitulé : « MANIFESTE DE CONSCIENCE AFRICAINE ».

Pour la première fois dans l’histoire de la colonisation belge, un groupe de Congolais ose se prononcer clairement sur le devenir du pays. Sans équivoque, il réclame l’indépendance du Congo, sans toutefois exclure la possibilité du maintien des liens d’amitié avec la Belgique.

La nouvelle fait partout l’effet d’une bombe. En Belgique, l’émoi est général. La trame d’événements qui découleront de cet acte courageux est connue de tous.

Entre-temps, NGALULA est engagé comme journaliste au quotidien «LE COURRIER D’AFRIQUE », de tendance sociale-chrétienne, propriété du Syndicat Chrétien de Belgique. Il est ainsi le premier Congolais à faire partie d’une rédaction entièrement européenne.

En 1957, il crée un hebdomadaire entièrement congolais : LA PRÉSENCE CONGOLAISE, dont il est lui-même Directeur et Rédacteur en Chef. L’occasion lui est ainsi offerte de réaliser le rêve tant recherché, car la Présence Congolaise ne tarde pas à devenir l’authentique porte-parole et fer de lance de l’opinion et des aspirations politiques du peuple congolais.

Diomi, Lumumba et Ngalula à la Conférence Panafricaine d’Accra

En 1958, Joseph NGALULA marque une étape de plus dans sa lancée. En effet, en compagnie de ses amis ILEO, DIOMI, NGUENZA et bien d’autres, il crée le premier parti politique authentiquement congolais : LE MOUVEMENT NATIONAL CONGOLAIS (M.N.C.) et réussit à faire placer Patrice LUMUMBA à sa tête en qualité de Président du Comité Provisoire en raison de son emploi de temps aéré.

En avril 1958, il est invité à !’Exposition Internationale de Bruxelles où il est nommé Président de Presse dans le pavillon catholique de l’Expo. Il saisit cette occasion pour initier un mouvement de revendication dénommé « Le Gouvernement de Salut Public », dont les exigences sont à la fois politiques et sociales.

Il met également son séjour belge à profit pour des contacts divers avec les Congolais venus de l’intérieur du pays, en vue d’obtenir leur adhésion au M.N.C.

En décembre 1958, Patrice Emery LUMUMBA, Gaston DIOMI et luimême prennent part à la Conférence Panafricaine d’Accra où ils laissent une forte et admirable impression. De retour à Kinshasa, il tient, au Rond-Point Victoire, le premier meeting politique devant plus de 50.000 personnes dont le thème est l’indépendance du Congo.

Il fut, le 03 janvier 1959, le premier Congolais à se prononcer publiquement en faveur de l’indépendance immédiate du Congo. Le 4 janvier 1959, il est de nouveau au Rond-point Victoire, au lieu du meeting politique de l’ABAKO, meeting qui se solde par une émeute sanglante. Son reportage sur l’événement dans la Présence Congolaise est très critique à l’endroit de l’Autorité Coloniale Belge et lui vaut arrestation et détention au Camp Militaire Léopold, aux côtés de Joseph KASA-VUBU, leader de l’ABAKO.

En avril 1959, devant l’impérieuse nécessité de présenter un front uni de lutte pour l’indépendance, et à son initiative, le premier Congrès de tous les partis politiques du Congo se tient à Luluabourg. A la clôture de celui-ci, il tient un autre meeting politique dont l’issue sera son placement en garde à vue par l’Autorité Coloniale.

Ngalula et Kalongi à la Table Ronde de Bruxelles pour l'indépendance de notre pays

En janvier 1960, il participe à la Conférence de la Table Ronde de Bruxelles au terme de laquelle il est invité par le Gouvernement américain à visiter les Etats-Unis.

En avril de la même année, la guerre entre Baluba et Lulua s’intensifie à Luluabourg et prend une tournure tragique.

Il abandonne Léopoldville et se porte sur les lieux. Les tentatives de médiation entre les deux ethnies-soeurs belligérantes sont systématiquement déjouées par une administration coloniale manifestement hostile à ce rapprochement. Une seule alternative, souhaitée du reste par la puissance administrant était : le départ des Baluba vers leurs territoires. Notre premier Président du pays et Joseph Ngalula

C’est dans ces conditions dramatiques que les élections législatives de 1960 se déroulent. Joseph NGALULA est d’abord élu Député Provincial du Kasaï, ensuite Ministre de l’Économie et, pour finir, Vice-Président Provincial.

Il ne peut malheureusement occuper aucun de ces sièges: la guerre s’étant intensifiée, l’évacuation générale des Baluba devient impérieuse et prioritaire. C’est le triste exode: près d’un demi-million de personnes sont concernées. Et c’est ainsi qu’il se trouve à la tête des centaines de milliers d’hommes, femmes et enfants qui cheminent, à pied, vers un destin inconnu. Il organisa le retour, en bon ordre, des balubas, de Luluabourg à Bakwanga.

Kalonji Mulopwe et Ngalula

Dès janvier 1961, pour consolider la paix, lui-même et les députés provinciaux s’investissent auprès du Gouvernement Central de Léopoldville et obtiennent une année plus tard la scission de la Province du Kasaï et l’érection des territoires des Baluba en une province séparée : le Sud- Kasaï.

Il dirige le premier gouvernement de la nouvelle province dont il est la cheville ouvrière. Il urbanise la Cité de Bakwanga, met en place les structures administratives, crée la Gendarmerie et la Police. De là lui vient le surnom de « MPANDANJILA » qui signifie, au figuré, « le sauveur ». Mais beaucoup d’autres problèmes, également à caractère vital et urgent, se posent avec acuité. Celui de l’enseignement n’est pas des moindres.

La nouvelle province a, en effet, drainé nombre d’enfants de tous âges et de tous les niveaux scolaires, dans une région où il n’existe pas encore d’infrastructures scolaires susceptibles de faire face à cette nouvelle donne politique. Ce problème socioculturel vient se greffer sur la misère qui y sévit et sur les conséquences néfastes de la malnutrition.

A peine rentré d’exil de Brazzaville, en 1961, Albert KALONJI s’autoproclame Mulopwe et Empereur des Baluba, avec pouvoir héréditaire. L’acte offusque l’idéal démocratique de Joseph NGALULA qui s’oppose énergiquement à la nouvelle vision politique de son compagnon de lutte.

Alors qu’il raisonne Albert KALONJI et tente de le reconvertir aux valeurs démocratiques, il se voit placé en résidence surveillée, pour crime de lèse-majesté ! Cette situation ne l’empêche cependant pas de manifester à KALONJI sa profonde indignation contre la décision de l’« Empereur » du Sud-Kasaï de mettre à mort les nationalistes du M.N.C LUMUMBA en détention à Bakwanga.

Il faut noter la grande perte de Patrice Lumumba assasiné à Lubumbashi le 17 janvier 1961. Ceux qui voulaient sa mort cherchaient aussi à rendre les baluba responsables pour de bon en amenant Patrice Lumumba à Mbuji-Mayi pour son exécution. Pour déjouer ce macabre complot, Ngalula avait ordoné que plusieurs futs soient placés sur la piste de l'aéroport afin d'éviter tout atterisage non autorisé. Kasavubu, Ngalula et les enseignants

Latent, au départ, le conflit entre les deux leaders devient ouvert, réel et profond. Mais cela ne les désengagera pas de s’envoler ensemble pour la Conférence d’Entente Nationale à Coquilhatville. Malheureusement, Sa Majesté le Mulopwe dont les velléités sécessionnistes lui ont créé une hostilité de la part de toute la classe politique du pays y est arrêté. Joseph NGALULA se constitue prisonnier pour marquer sa solidarité avec son frère KALONJI. Grâce à cette pression et aux bonnes relations avec les Autorités Centrales, il obtient finalement l’élargissement de « Sa Majesté».

Pendant qu’il organise au Jardin Zoologique, en faveur des autorités de Léopoldville, une réception de gratitude pour avoir accepté dans leurs écoles les élèves provenant de la Province Minière, il est révoqué de toutes ses fonctions par le même Mulopwe qui avait auparavant sollicité, sans succès, de l’Assemblée Provinciale, l’autorisation de mettre Joseph NGALULA, son bras droit, à mort. L’indignation est générale. L’Assemblée Provinciale ne paraît pas convaincue de la pertinence de l’accusation selon laquelle NGALULA aurait formé un autre gouvernement provincial à Léopoldville. Elle exige et obtient l’envoi d’une mission d’enquête à Léopoldville et la confrontation des deux leaders.

Après cette confrontation et enquête, Sa Majesté !’Empereur KALONJI est sommé de se détracter. Un démenti public à la Radiodiffusion Congolaise contient en outre une déclaration rétablissant Joseph NGALULA dans ses titres et droits. Toutefois, cette réconciliation imposée par le peuple n’empêchera pas Joseph NGALULA d’échapper à un attentat perpétré contre lui à l’Aéroport de Mbujimayi, peu avant le décollage de l’avion qui devrait le ramener à Léopoldville.

En 1961, l’O.N.U. organise un conclave à Lovanium en vue de la formation d’un Gouvernement d’Union Nationale dont Cyrille ADOULA sera Premier Ministre. Joseph NGALULA est nommé Ministre de l’Éducation Nationale.

Mulopwe Kalonji, Tshombe et Ngalula

En 1962, dans le cadre de l’exécution du plan U THANT visant la fin de toutes les sécessions, Joseph NGALULA, à la tête d’une importante délégation, est envoyé à Elisabethville, avec mission d’obtenir de TSHOMBE une reddition volontaire de l’armée katangaise. Concomitamment à Bakwanga, un coup d’État militaire destitue Sa Majesté le Mulopwe. L’Assemblée Provinciale du Sud-Kasaï élit Joseph NGALULA Président Provincial.

Joseph Mobutu et les membres de son gouvernement large

En 1965, son mandat à la tête de la Province du Sud- Kasaï touche à sa fin. Il est élu à la députation nationale, où il contribue puissamment à l’élection de Sylvestre MUDINGAYI comme Président du Sénat.

Le 24 novembre 1965, intervient le coup d’État du Haut Commandement Militaire. En bon démocrate et visionnaire, Joseph NGALULA opère un retrait stratégique, se met à l’écart et, de loin, il observe la scène politique. Il s’abstient de jouer un quelconque rôle dans tout le processus de création, de consolidation et d’institutionnalisation du M.P.R.

C’est ainsi qu’en dehors des mandats électifs à la députation lui renouvelés trois fois par ses électeurs en 1970, 1975 et 1977, il se limitera aux seuls mandats de gestion des entreprises publiques. Aussi sera-t-il successivement:
Délégué Général de Mobilia-Dux, en 1979.
Président de K.D.L./B.C.K. en 1969
Membre du Conseil d’administration de l’ONATRA, en 1971

Le Palais du Peuple En 1977, il réapparaît sur la scène politique comme Parlementaire. Il se dresse contre le pouvoir dictatorial au sujet d’une grave affaire de massacre des creuseurs de diamant à Katekelayi (Mbujimayi), en 1979.

Alors que le pouvoir avance le chiffre d’un seul mort, Joseph NGALULA initie des enquêtes privées et fournit les preuves d’un odieux massacre de quelque 200 personnes. La crédibilité du régime s’en trouve fortement entamée.

Ngalula et autres parlementaires en rélégation En 1980, lors d’une session parlementaire, il adresse au Président de la République une lettre ouverte, connue sous l’appellation de la lettre de 52 pages. Il obtient l’adhésion de 12 autres parlementaires, en l’occurrence Etienne TSHISEKEDI, Feu KANANA TSHIONGO, Feu Anaclet MAKANDA, DIA ONKEN, KASALA KALAMBA, NGOYI MUKENDI, MBOMBO LONA, BIRINGANINI, LUMBU MALOBA, KYUNGU wa KUMUANZA, KAPITA SHABANI et François LUSANGA, qui acceptent de signer cette lettre avec lui. Monsieur KIBASSA MALIBA, alors membre du Bureau Politique du M.P.R. ainsi que Monsieur BIRINDWA Faustin, MBWAKIEM et d’autres viendront s’ajouter par solidarité. Ngalula et autres parlementaires en rélégation

Hautement historique, ce document dresse un sévère réquisitoire contre le régime dictatorial et en ébranle les fondements. Il pose un certain nombre de principes, notamment:



– l’avènement d’une justice juste ;la rationalisation et la transparence de la gestion publique;
– l’humanisation du système politique, donc la démocratisation ;
– l’amélioration des conditions de vie de la population;
– la suppression de la disposition constitutionnelle selon laquelle tout zaïrois est, de gré ou de force, membre du M.P.R.

Identifié comme promoteur du groupe, Joseph NGALULA est arrêté la veille de la saint-Sylvestre 1980.

Dès le lendemain, solidarité oblige, ses autres compagnons se constituent aussi prisonniers. Le célèbre procès « Ngalula et consorts » est ouvert. L’ émoi est général. C’est le début de la longue et glorieuse lutte des 13 parlementaires, dont l’action a ébranlé la dictature et marqué au plus haut point le cours de l’histoire de notre pays.

Meeting UDPS 24 février 1991 Dès 1982 : arrestations et relégations se succèdent. Joseph NGALULA propose à ses coéquipiers la création du premier parti de l’opposition du pays: UNION POUR LA DÉMOCRATIE ET LE PROGRÈS SOCIAL (U.D.P.S.).

Il mettra à profit son séjour en prison pour rédiger les documents de base du parti, à partir des valeurs qui ont toujours inspiré son combat politique, à savoir:
– la conquête des libertés fondamentales ;
– le dialogue ;
– la tolérance ;
– la non-violence.

Par ses analyses profondes et sa capacité de stratège, le Doyen, comme l’appellent ses intimes, finit par forcer l’admiration et le respect de ses pairs.

Mobutu et Ngalula

En 1987, après 8 ans de relégation, interviennent les Accords de Gbadolite, Joseph NGALULA, MBWANKIEM et KIBASSA, respectivement 1er Vice-Président, 3ème Vice-Président et Président de l’UDPS sont désignés par leur parti pour réintégrer le M.P.R., avec droit de tendance.

En 1988, NGALULA se voit accusé par ses pairs de trahison. Interrogé, le doyen déclare n’avoir jamais été saisi de griefs mis à sa charge, ni obtenu le droit de fournir ses moyens de défense, comme le prévoient les statuts du parti U.D.P.S.

Il est dommage, revient-il souvent, que le parti se soit délibérément écarté des valeurs démocratiques pour lesquelles ses fondateurs avaient longuement lutté.

Ngalula et le Premier Ministre Lukoji

Le 24 avril 1990, c’est le désarroi dans toute la classe politique nationale: le Président de la République dissout le M.P.R – Parti-État, décrète l’avènement de la démocratie pluraliste, consacrant ainsi la victoire des forces démocratiques.

En juin 1990, Joseph NGALULA MPANDANJILA est nommé Conseiller Politique et depuis octobre 1992, Conseiller Personnel du Chef de l’État.

Sachant par son experience à l'aube de l'indépendance que la démocratie est une arme délicate à manier, il voulait que la lutte victorieuse pour enterrer le monopartisme et rétablir les libertés fondamentales soit épargnée des maladies infantiles des années 1960 liées à l'installation de la démocratie pluraliste. Ainsi, rejetant et condamnant les attaques personelles envers lui et contre tous, il rappella que seules des positions politiques réalistes bien réfléchies et bien raisonables aller faciliter une transition rapide vers le changement social tant attendu par le peuple. Tous les politiciens devaient donc éviter l'intolérance et le terrorisme politique et intellectuel et aller du simple discours politique à l'action concrète en faveur des populations partout où le besoin se fait sentir.

Accusé de nouveau de trahison par ses détracteurs, le Doyen répond: «Au cours de ma longue lutte, j’ai eu à accepter autour de moi des barons du Parti-Etat, pour peu qu’ils fussent convertis à l’idéal démocratique. Je ne pouvais admettre, comme effective et sincère, la conversion de ceux-là, et douter, à priori, de celle des autres.»
Il faisait allusion à certains de ses collègues Fondateurs de l'U.D.P.S., pionniers et architectes de la dictature Mobutienne, convertis par la simple signature de la Lettre Ouverte au Chef de l'Etat initiée et rédigée par lui.
«Il faut qu'on se mette d'accord pour mettre fin à cette instabilité politique non pas en sacrifiant l'alternance du pouvoir, mais en trouvant des correctifs au Système politique pratiqué jusque maintenant et le pouvoir qui en résulte doit consister à rendre la population heureuse et non pas à la condamner dans la misère.»

L'intransigeance, le désordre au sein de l'opposition ainsi que la passivité du Président Mobutu et de son gouvernement face à la troisième tentative d’épuration ethnique des populations kasaiennes dans le Shaba(Katanga) le pousse à démissionner de sa fonction de Conseiller Personnel du Chef de l’État.

Il défendit, à chaque tentative d’épuration ethnique des populations kasaiennes, le droit de cité de chaque citoyen l’autorisant à séjourner dans n’importe quelle province du pays et à y exercer ses activités.

En tant que défenseur infatigable des droits du peuple, de la démocratie pluraliste, des libertés fondamentales, du respect mutuel et de la loi, il trouva utile de former Le RADEPI en 1993 tout en insistant "sur un combat d'idées basé sur un discours politique de l'excellence et du dialogue, un discours affranchi de l'extrémisme, de la violence, de l'intolérance, du mensonge, de l'injure et de la haine".

En moins de 4 ans, le RADEPI rivalise en 1997 avec le parti au pouvoir et le parti le plus radical de l'opposition. Ayant presque 70 ans, il est cependant accusé d'etre vieux et, en tant que rare survivant des politiciens de la premiere legislature de 1960, on lui reproche tout ce qui va mal au pays comme étant le résultat non seulement d'un mauvais départ politique mais aussi d'une mauvaise gestion du pays par sa génération.

Dans un débat télévisé, il répond avec éloquence, humilité et prouve qu'il a été parmi les rares dont l'engagement et la vision pour un Congo libre, démocratique et prospère n'a jamais varié et qu'il n'avait pas hésité, au risque de sa vie, de s'opposer aux abus du régime de Mobutu pendant que presque tous étaient paralysé par la peur ou satisfait de chanter ou de dancer pour le dictateur.

Certes, un coup d'État en 1998 renverse pour de bon le pouvoir de Mobutu qui va en exil et intronise celui du Président Kabila. Environ trois ans plus tard, ...

En Février 2001, il se retrouve sur la courte liste des candidats pour la fonction de Premier Ministre du gouvernement sous le Président Joseph Kabila, fils du précédent Président Kabila qui fut assassiné par un de ses gardes du corps. Hélas, Joseph Ngalula Mpandanjila décéda, d’un arrêt du cœur, à son domicile, à Kinshasa, le lundi 5 février 2001, vers 9 heures du matin. Un journal local déplorait cette grande perte dans un article titré: "Le combat inachevé de Joseph Ngalula Mpandanjila"