Son Parcours

Né à Lusambo au Kasaï Oriental, le 12 décembre 1928, il est marié et père d’une famille nombreuse. Il est catholique.

De 1933 à 1943, il fait de brillantes études primaires et secondaires au Groupe Scolaire de Lusambo, dirigé par les Frères de la Charité de Gand. Ceux-ci ne tardent pas à découvrir dans le jeune garçon un talent à manipuler la plume. Ils lui confient alors la rédaction de la « Revue des Anciens Elèves de Frères ».

En 1944, Joseph NGALULA s’installe à Kinshasa. Il est employé dans plus d’une société commerciale où il assume de hautes responsabilités qu’il combine assidûment avec la poursuite des études par correspondance en Belgique et en France.
Il est, avant tout, un autodidacte, donc un Self Made Man dont l’intelligence alerte et vivace suscite admiration.

En 1950

En 1950, il se lance dans le journalisme comme correspondant régulier du journal catholique « LA CROIX DU CONGO », devenu plus tard «L’HORIZON».

Infatigable travailleur, il s’aménage le temps d’initier, en compagnie de certains de ses amis dont Martin NGUETE, Joseph ILEO, Gaston DIOMI, Antoine NGUENZA et tant d’autres, un bulletin d’information qui ne tardera pas à devenir un journal sous le titre de « CONSCIENCE AFRICAINE ».

Il y imprime une dynamique très critique à l’endroit de la colonisation. Les thèmes fondamentaux de cet organe de presse tournent autour des considérations politiques et particulièrement de la discrimination qui marquait les rapports sociaux entre Belges et Congolais.

En 1956

L’année 1956 marque un tournant décisif tant pour la vie du journal que pour le cours de l’histoire du Congo Belge. En effet, Joseph NGALULA et ses amis précités sont co-auteurs d’un document historique intitulé : « MANIFESTE DE CONSCIENCE AFRICAINE ».

Pour la première fois dans l’histoire de la colonisation belge, un groupe de Congolais ose se prononcer clairement sur le devenir du pays. Sans équivoque, il réclame l’indépendance du Congo, sans toutefois exclure la possibilité du maintien des liens d’amitié avec la Belgique.

La nouvelle fait partout l’effet d’une bombe. En Belgique, l’émoi est général. La trame d’événements qui découleront de cet acte courageux est connue de tous.

Entre-temps, NGALULA est engagé comme journaliste au quotidien «LE COURRIER D’AFRIQUE », de tendance sociale-chrétienne, propriété du Syndicat Chrétien de Belgique. Il est ainsi le premier Congolais
à faire partie d’une rédaction entièrement européenne.

En 1957

En 1957, il crée un hebdomadaire entièrement congolais : LA PRÉSENCE CONGOLAISE, dont il est lui-même Directeur et Rédacteur en Chef. L’occasion lui est ainsi offerte de réaliser le rêve tant
recherché, car la Présence Congolaise ne tarde pas à devenir l’authentique porte-parole et fer de lance de l’opinion et des aspirations politiques du peuple congolais.

En 1958

En 1958, Joseph NGALULA marque une étape de plus dans sa lancée. En effet, en compagnie de ses amis ILEO, DIOMI, NGUENZA et bien d’autres, il crée le premier parti politique authentiquement congolais : LE
MOUVEMENT NATIONAL CONGOLAIS (M.N.C.) et réussit à faire placer Patrice LUMUMBA à sa tête en qualité de Président du Comité Provisoire en raison de son emploi de temps aéré.

En avril 1958, il est invité à !’Exposition Internationale de Bruxelles où il est nommé Président de Presse dans le pavillon catholique de l’Expo. Il saisit cette occasion pour initier un mouvement de revendication dénommé « Le Gouvernement de Salut Public », dont les exigences sont à la fois politiques et sociales.

Il met également son séjour belge à profit pour des contacts divers avec les Congolais venus de l’intérieur du pays, en vue d’obtenir leur adhésion au M.N.C.

En décembre 1958, Patrice Emery LUMUMBA, Gaston DIOMI et luimême prennent part à la Conférence Panafricaine d’Accra où ils laissent une forte et admirable impression. De retour à Kinshasa, il tient, au Rond-Point Victoire, le premier meeting politique devant plus de 50.000 personnes dont le thème est l’indépendance du Congo.

En 1959

Le 4 janvier 1959, il est de nouveau au Rond-point Victoire, au lieu du meeting politique de l’ABAKO, meeting qui se solde par une émeute sanglante. Son reportage sur l’événement dans la Présence Congolaise est très critique à l’endroit de l’Autorité Coloniale Belge et lui vaut arrestation et détention au Camp Militaire Léopold, aux côtés de Joseph KASA-VUBU, leader de l’ABAKO.

En avril 1959, devant l’impérieuse nécessité de pré- senter un front uni de lutte pour l’indépendance, et à son initiative, le premier Congrès de tous les partis politiques du Congo se tient à Luluabourg. A la clôture de celui-ci, il tient un autre meeting politique dont l’issue sera son placement en garde à vue par l’Autorité Coloniale.

En 1960

En janvier 1960, il participe à la Conférence de la Table Ronde de Bruxelles au terme de laquelle il est invité par le Gouvernement américain à visiter les Etats-Unis.

En avril de la même année, la guerre entre Baluba et Lulua s’intensifie à Luluabourg et prend une tournure tragique. Il abandonne Léopoldville et se porte sur les lieux. Les tentatives de médiation entre les deux ethnies-soeurs belligérantes sont systématiquement déjouées par une adadministration coloniale manifestement hostile à ce rapprochement. Une seule alternative, souhaitée du reste par la puissance administrant était : le départ des Baluba vers leurs territoires. C’est dans ces conditions dramatiques que les élections législatives de 1960 se déroulent. Joseph NGALULA est d’abord élu Député Provincial du Kasaï, ensuite Ministre de l’Économie et, pour finir, Vice-Président Provincial. Il ne peut malheureusement occuper aucun de ces sièges: la guerre s’étant intensifiée, l’évacuation générale des Baluba devient impérieuse et prioritaire. C’est le triste exode: près d’un demi-million de personnes sont concernées. Et c’est ainsi qu’il se trouve à la tête des centaines de milliers d’hommes, femmes et enfants qui cheminent, à pied, vers un destin inconnu.

En 1961

Dès janvier 1961, pour consolider la paix, lui-même et les députés provinciaux s’investissent auprès du Gouvernement Central de Léopoldville et obtiennent une année plus tard la scission de la Province du
Kasaï et l’érection des territoires des Baluba en une province séparée : le Sud- Kasaï.

Il dirige le premier gouvernement de la nouvelle province dont il est la cheville ouvrière. Il urbanise la Cité de Bakwanga, met en place les structures administratives, crée la Gendarmerie et la Police. De là lui vient le surnom de « MPANDANJILA » qui signifie, au figuré, « le sauveur ».
Mais beaucoup d’autres problèmes, également à caractère vital et urgent, se posent avec acuité. Celui de l’enseignement n’est pas des moindres.

La nouvelle province a, en effet, drainé nombre d’enfants de tous âges et de tous les niveaux scolaires, dans une région où il n’existe pas encore d’infrastructures scolaires susceptibles de faire face à cette nouvelle donne politique. Ce problème socioculturel vient se greffer sur la misère qui y sévit et sur les conséquences néfastes de la malnutrition.

A peine rentré d’exil de Brazzaville, en 1961, Albert KALONJI s’autoproclame Mulopwe et Empereur des Baluba, avec pouvoir héréditaire.
L’acte offusque l’idéal démocratique de Joseph NGALULA qui s’oppose énergiquement à la nouvelle vision politique de son compagnon de lutte.

Alors qu’il raisonne Albert KALONJI et tente de le reconvertir aux valeurs démocratiques, il se voit placé en résidence surveillée, pour crime de lèse-majesté ! Cette situation ne l’empêche cependant pas de manifester à KALONJI sa profonde indignation contre la décision de l’« Empereur » du Sud-Kasaï de mettre à mort les nationalistes du M.N.C LUMUMBA en détention à Bakwanga.

Latent, au départ, le conflit entre les deux leaders devient ouvert, réel et profond. Mais cela ne les désengagera pas de s’envoler ensemble pour la Conférence d’Entente Nationale à Coquilhatville. Malheureusement, Sa Majesté le Mulopwe dont les velléités sécessionnistes lui ont créé une hostilité de la part de toute la classe politique du pays y est arrêté. Joseph NGALULA se constitue prisonnier pour marquer sa solidarité avec son frère KALONJI. Grâce à cette pression et aux bonnes relations avec les Autorités Centrales, il obtient finalement l’élargissement de « Sa Majesté».

Pendant qu’il organise au Jardin Zoologique, en faveur des autorités de Léopoldville, une réception de gratitude pour avoir accepté dans leurs écoles les élèves provenant de la Province Minière, il est révoqué de toutes ses fonctions par le même Mulopwe qui avait auparavant sollicité, sans succès, de l’Assemblée Provinciale, l’autorisation de mettre Joseph NGALULA, son bras droit, à mort. L’indignation est générale.
L’Assemblée Provinciale ne paraît pas convaincue de la pertinence de l’accusation selon laquelle NGALULA aurait formé un autre gouvernement provincial à Léopoldville. Elle exige et obtient l’envoi d’une mission d’enquête à Léopoldville et la confrontation des deux leaders.

Après cette confrontation et enquête, Sa Majesté !’Empereur KALONJI est sommé de se détracter. Un démenti public à la Radiodiffusion Congolaise contient en outre une déclaration rétablissant Joseph NGALULA dans ses titres et droits. Toutefois, cette réconciliation imposée par le peuple n’empêchera pas Joseph NGALULA d’échapper à un attentat perpétré contre lui à l’Aéroport de Mbujimayi, peu avant le décollage de l’avion qui devrait le ramener à Léopoldville.

En 1961, l’O.N.U. organise un conclave à Lovanium en vue de la formation d’un Gouvernement d’Union Nationale dont Cyrille ADOULA sera Premier Ministre. Joseph NGALULA est nommé Ministre de l’Éducation Nationale.

En 1962

En 1962, dans le cadre de l’exécution du plan U THANT visant la fin de toutes les sécessions, Joseph NGALULA, à la tête d’une importante délégation, est envoyé à Elisabethville, avec mission d’obtenir de TSHOMBE une reddition volontaire de l’armée katangaise. Concomitamment à Bakwanga, un coup d’État militaire destitue Sa Majesté le Mulopwe. L’Assemblée Provinciale du Sud-Kasaï élit Joseph NGALULA Président Provincial.

En 1965

En 1965, son mandat à la tête de la Province du Sud- Kasaï touche à sa fin. Il est élu à la députation nationale, où il contribue puissamment à l’élection de Sylvestre MUDINGAYI comme Président du Sénat.

Le 24 novembre 1965, intervient le coup d’État du Haut Commandement Militaire. En bon démocrate et visionnaire, Joseph NGALULA opère un retrait stratégique, se met à l’écart et, de loin, il observe la scène politique. Il s’abstient de jouer un quelconque rôle dans tout le processus de création, de consolidation et d’institutionnalisation du M.P.R.

C’est ainsi qu’en dehors des mandats électifs à la députation lui renouvelés trois fois par ses électeurs en 1970, 1975 et 1977, il se limitera aux seuls mandats de gestion des entreprises publiques. Aussi sera-t-il successivement:

Délégué Général de Mobilia-Dux, en 1979.
Président de K.D.L./B.C.K. en 1969
Membre du Conseil d’administration de l’ONATRA, en 1971

En 1977

En 1977, il réapparaît sur la scène politique comme Parlementaire. Il se dresse contre le pouvoir dictatorial au sujet d’une grave affaire de massacre des creuseurs de diamant à Katekelayi (Mbujimayi), en 1979.

Alors que le pouvoir avance le chiffre d’un seul mort, Joseph NGALULA initie des enquêtes privées et fournit les preuves d’un odieux massacre de quelque 200 personnes. La crédibilité du régime s’en trouve fortement entamée.

En 1980

En 1980, lors d’une session parlementaire, il adresse au Président de la République une lettre ouverte, connue sous l’appellation de la lettre de 52 pages. Il obtient l’adhésion de 12 autres parlementaires, en l’occurrence Etienne TSHISEKEDI, Feu KANANA TSHIONGO, Feu Anaclet MAKANDA, DIA ONKEN, KASALA KALAMBA, NGOYI MUKENDI, MBOMBO LONA, BIRINGANINI, LUMBU MALOBA, KYUNGU wa KUMUANZA, KAPITA SHABANI et François LUSANGA, qui acceptent de signer cette lettre avec lui. Monsieur KIBASSA MALIBA, alors membre du Bureau Politique du M.P.R. ainsi que Monsieur BIRINDWA Faustin, MBWAKIEM et d’autres viendront s’ajouter par solidarité.

Hautement historique, ce document dresse un sévère réquisitoire contre le régime dictatorial et en ébranle les fondements. Il pose un certain nombre de principes, notamment:

– l’avènement d’une justice juste ;la rationalisation et la transparence de la gestion publique;
– l’humanisation du système politique, donc la démocratisation ;
– l’amélioration des conditions de vie de la population;
– la suppression de la disposition constitutionnelle selon laquelle tout zaïrois est, de gré ou de force, membre du M.P.R.

Identifié comme promoteur du groupe, Joseph NGALULA est arrêté la veille de la saint-Sylvestre 1980.

Dès le lendemain, solidarité oblige, ses autres compagnons se constituent aussi prisonniers. Le célèbre procès « Ngalula et consorts » est ouvert. L’ émoi est général. C’est le début de la longue et glorieuse lutte des 13 parlementaires, dont l’action a ébranlé la dictature et marqué au plus haut point le cours de l’histoire de notre pays.

En 1982

Dès 1982 : arrestations et relégations se succèdent. Joseph NGALULA propose à ses coéquipiers la création du premier parti de l’opposition du pays: UNION POUR LA DÉMOCRATIE ET LE PROGRÈS SOCIAL (U.D.P.S.).

Il mettra à profit son séjour en prison pour rédiger les documents de base du parti, à partir des valeurs qui ont toujours inspiré son combat politique, à savoir:

– la conquête des libertés fondamentales ;
– le dialogue ;
– la tolérance ;
– la non-violence.

Par ses analyses profondes et sa capacité de stratège, le Doyen, comme l’appellent ses intimes, finit par forcer l’admiration et le respect de ses pairs.

En 1987

En 1987, après 8 ans de relégation, interviennent les Accords de Gbadolite, Joseph NGALULA, MBWANKIEM et KIBASSA, respectivement 1er Vice-Président, 3ème Vice-Président et Président de l’UDPS sont désignés par leur parti pour réintégrer le M.P.R., avec droit de tendance.

En 1988

En 1988, NGALULA se voit accusé par ses pairs de trahison. Interrogé, le doyen déclare n’avoir jamais été saisi de griefs mis à sa charge, ni obtenu le droit de fournir ses moyens de défense, comme le prévoient les statuts du parti.

Il est dommage, revient-il souvent, que le parti se soit délibérément écarté des valeurs démocratiques pour lesquelles ses fondateurs avaient longuement lutté.

En 1990

Le 24 avril 1990, c’est le désarroi dans toute la classe politique nationale: le Président de la République dissout le M.P.R – Parti-État, décrète l’avènement de la démocratie pluraliste, consacrant ainsi la victoire des forces démocratiques.

En juin 1990, Joseph NGALULA MPANDANJILA est nommé Conseiller Politique et depuis octobre 1992, Conseiller Personnel du Chef de l’État.

Accusé de nouveau de trahison par ses détracteurs, le Doyen répond:
«Au cours de ma longue lutte, j’ai eu à accepter autour de moi des barons du Parti-Etat, pour peu qu’ils fussent convertis à l’idéal démocratique. Je ne pouvais admettre, comme effective et sincère, la conversion de ceux-là, et douter, à priori, de celle des autres